Le Gym et les Balkans

Passe en aile de pigeon d’Elsner, retourné acrobatique de Kurbos. Contre Paris, en octobre 1987, le tandem yougoslave signe un but légendaire dans l’histoire l’OGC Nice. Dimanche, 37 ans plus tard, le Gym accueille les franciliens, cette fois à l’Allianz Riviera, et s’apprête à rendre hommage aux différentes générations de talents venus des Balkans. Milos Djelmas, Tony Kurbos et Nemanja Pejcinovic seront des nôtres. A la rencontre des supporters lors de « Cours 1904 » (le talk show d’avant-match de 18h45 à 19h45 sur le parvis) puis au centre de toutes les attentions dans le rond central avant le coup d’envoi, en se voyant remettre l’affiche de Coun réalisée sur ce thème dans le cadre des 120 ans du club.

 

« On les appelait les Yougos »

L’éditorial de Philippe Camps

On les appelait les Yougos. L’exil ne leur était pas facile. Ils arrivaient en France avec de la moustache et du vécu. A l’époque, il y avait du beau monde aux Balkans. Les talents se comptaient à la calculatrice. Il y en avait partout. C’était une terre de football. Une terre de fraternité. La guerre a fracassé le bloc yougoslave. Elle a fait tant de morts et de dégâts, mais elle n’a pas abimé l’image de ceux qui sont devenus niçois un jour et pour toujours. C’est un joueur sans frontière et un homme aux mille vies qui a, réellement, ouvert la voie en 1969. Bora Milutinovic a la carte de visite la plus longue de l’histoire du football. Puis est arrivé Vahidin Musemic, un attaquant brun qui mettait la tête là où d’autres n’auraient pas osé mettre un crampon. Les inoubliables années 70 ont gâté le Gym et ses supporters avec les signatures des immenses Josip Katalinski et Nenad Bjekovic, un Bosnien et un Serbe, mais surtout deux phénomènes qui ont marqué le club pour l’éternité. Le défenseur hors norme et le buteur racé étaient dirigés par Vlatko Markovic, un entraîneur croate qui préférait la rigueur au pan bagnat. Le vieux Ray retenait alors son souffle sur chacune des frappes de Kata et, le reste du temps, chantait Bjeko, Bjeko, son air préféré. Puis on a vu passer le talentueux Sljivo, le fantasque et fantastique Djelmas, le malicieux Kurbos, l’élégant Elsner, les frères contraires Vujovic, le rugueux Radanovic, le vaillant Milinkovic, le mirage Kartalija, l’imprévisible Ljuboja et le solide Pejcinovic. Bref, il y a souvent de la force et de l’inspiration derrière le rideau de l’Est. Le club a même eu un président-actionnaire (Milan Mandaric) et un coach héros (Silvester Takac) au passeport serbe. Eclairé par une étoile rouge et noire, le Gym peut être fier de ces partisans devenus pour certains des légendes.

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